Rainer-Maria Rilke dans ses Lettres sur Cézanne écrit : " Lorsqu'on peint, on peut déboucher soudain devant une chose si démesurée que personne n'en viendra jamais à bout ". Hans Bouman s'est avancé sur ce chemin. Alors, " la chose démesurée " s'est imposée de façon obsessionnelle : la tête humaine à la fois miroir de l'autre et sans doute autoportrait mental, microcosme symbole de l'esprit, opposé au corps manifestation de la matière. La tête, toujours solitaire, propose un face-à-face ; elle interroge, on l'interroge, et de cet échange muet peut-être jaillira la réponse, chargée de mystère.

 
  Série d'œuvres sur papier en parallele avec le livre "Le concours des torses" avec un texte du même titre de
Gérard-Georges Lemaire.
 
  Les corps flottent dans l’espace, une errance dans un monde sans repères. Des corps qui veulent s’échapper des limites imposées par la toile. Une recherche dans le silence des profondeurs où corps et esprit s'unissent.

Retour à la peinture, que Hans Bouman revendique comme expressionniste. La représentation de l'être humain reste toutefois le centre de son travail.

Toujours intrigué qu'il est par l’utilisation de matériaux différents, les possibilités offertes par l’ordinateur l’amènent vers une expression nouvelle où tirage numérique et peinture se superposent. Ainsi les matières se mêlent-elles dans des œuvres explorant le lien entre l’infiniment petit et leur représentation agrandie.

Changement vers un travail plus fluide, où le hasard de la juxtaposition des éléments remplace la matière lourde et sourde. Des papiers froissés, déchirés et collés, surgissent des formes qui font référence à son propre panthéon de dieux et de déesses.
 
 

Hans Bouman s'est fait connaître par un travail rigoureux sur un thème presque unique : la figure.
Œ
uvres sombres, parfois austères, patiemment construites avec toutes sortes de matériaux, elles vont au-delà des séductions de l'oeil pour poser à celui qui les contemple les questions que les totems et autres figures sacrées adressent depuis la nuit des temps aux hommes inquiets.

Alin Avila

 
 

La sculpture renvoie à la peinture. L'une comme l'autre relève d'un totémisme, qu'il faut entendre comme étant l'image d'un ancêtre. Peinte ou sculptée, sa figure ne s'inscrit pas dans un champ figuratif. Elle n'est jamais celle d'un homme, ni celle d'une femme.

Alin Avila